Le selfie, plus qu’un autoportrait finalement ?

Il y a une semaine je suis tombée dans mes lectures sur un article du Time.com ((Time.com,The Metropolitan Museum of Art Banned Selfie Sticks, 15 février 2015, URL : http://time.com/3710456/museum-self-stick/)). Il annonçait l’interdiction de la perche à selfie dans les musées. J’ai trouvé cette nouvelle plutôt amusante, parce que c’est vrai qu’on a pas mal l’air d’un plouc avec une perche de ce type. Je dis ça, mais j’en ai moi-même déjà utilisé une pendant mes vacances pour quelques photos vec la plage derrière. C’est drôle à réaliser et ça donne un effet visuel intéressant surtout quand on dispose d’un grand angle comme il y en a sur les mini caméras sportives.

J’avais déjà fait un plus ou moins long billet sur le selfie, à un moment où j’avais envie de parler de l’autoportrait. L’important n’est plus sa propre image, mais ce qui l’accompagne. Ce n’est pas déviant de vouloir avoir une image de soi, un côté Narcisse ou une envie de reconnaissance peut-être. Puis voilà l’article du Time, qui soudainement montre le selfie comme quelque chose de négatif. Alors que c’est quand même bien sympathique à faire ! Mais ce n’est pas la première fois que le selfie exaspère.

Le cas du Tour de France 2014

Le selfie, tout le monde sait en faire. C’est pratique pour s’approprier un moment de sa vie, et créer un souvenir bien à soi qui soit daté. Je me rappelle d’une photo de groupe sur laquelle j’étais en hiver à Paris. Il y avait derrière nous une banderole qui annonçait une brocante à venir sur la place où nous étions. Je trouvais cela amusant de me dire que plus tard, on se reconnaîtrait à ce moment précis grâce à cette banderole.

L’organisation du Tour de France a annoncé une opération d’interaction (je préfère ici ce terme à “opération de communication”) où on pouvait se prendre en photo avec le hashtag #TDFselfie pour montrer un bout de son Tour de France. Au-delà d’être une course cycliste historique, le Grande Boucle c’est aussi sa caravane, ses fans, et les personnes qui attendent sur le côté de la route pour quelques secondes près des champions. Dérive ou bien succès trop grand, les selfies embêtent les coureurs ((LeNouvelObs.com, “Tour de France : Ces selfies qui énervent les coureurs”, 08 juillet 2014, URL : http://tempsreel.nouvelobs.com/sport/20140708.OBS3051/selfie-sur-le-tour-de-france-les-spectateurs-aiment-pas-les-coureurs.html)). Le problème ? C’est que pour faire un selfie avec la course derrière soi, alors il faut être de dos. Je peux admettre que cela peut être vexant de voir des gens de dos juste pour se prendre eux-mêmes en photo alors qu’on essaie de clouer le bec de Froome.

Quand les musées se la jouent ultra IN

Puis, pour ceux que ça intéressent, on a vu apparaître le hashtag #MuseumSelfie ((LesInrocks.com, “Museum Selfie Day : le selfie s’invite au musée”, 23 janvier 2015, URL : http://www.lesinrocks.com/2014/01/23/actualite/museum-selfie-day-vous-en-photo-devant-le-radeau-de-la-meduse-11463938/)) sur Twitter entre autres. Pendant une journée dédiée au selfie, les visiteurs étaient alors invités à se photographier auprès de leurs œuvres favorites pour partager avec le musée, mais aussi leurs amis.

Je trouve cela plutôt intéressant car cela pousse à la démarche du : avec quoi vais-je faire mon selfie ? Quelle œuvre choisir ? Ce tableau ? Cette sculpture ? Comment faire quelque chose de plutôt joli ? Cela permet aussi de montrer à ses proches (son réseau ?) qu’on visite un musée et qu’on aime bien ça, que ce n’est pas juste un accrochage de tableaux hermétiques que personne n’a le droit de toucher. C’est aussi une expérience, un moment où on peut voir des choses que l’on trouve plus ou moins belles, qui nous marquent plus ou moins, ou qui peuvent éventuellement nous faire réfléchir autrement que ce que nous faisons au quotidien.

La question de la photographie dans les musées, encore elle !

J’ai de multiples aventures avec les photos au musée, ou le fait de noter des trucs dans les musées. Cela me rappelle de grands moment où je n’avais pas le droit de recopier sur Evernote une citation avec mon smartphone, mais que j’avais le droit de photographier le mur au Petit Palais. J’ai aussi quelques petits tensions dans la nuque, lorsque je vois des photographies sur les blogs ou réseaux sociaux pour une exposition où tout cliché était interdit. Tricheurs ! (oui je suis jalouse ;p)
D’ailleurs, la dernière fois que j’ai râlé à cause de photos interdites avec flash, c’était l’artiste lui-même qui me prenait en photo…

Finalement je trouve l’initiative du #MuseumSelfie tout à fait sympathique même si j’étais très réfractaire au début. Je trouve que cela permet de créer une interaction entre le visiteur et ce qu’il visite, comme si un lien se nouait, un véritable souvenir gravé dans les pixels. Bien entendu les musées en profitent aussi pour se montrer, faire voir que des gens de toutes les populations les visitent. C’est ça aussi la médiation culturelle, non ?

Quant à l’interdiction des perches à selfie, j’ai l’impression que c’est purement pratique. Non mais c’est vrai… c’est super encombrant, ça bouche la vue, et en plus avec les grands angles on peut prendre en photo des gens qui n’ont pas du tout envie d’être sur votre compte Instagram. Par ailleurs ce n’est pas sans danger car la perche met de la distance entre l’appareil et la personne qui l’utilise. De ce fait il contrôle moins ses mouvement, et un accident est si vite arrivé.

Alors faisons des selfies mais attention où vous mettez les pieds, les mains, et les appareils photo.

Souriez, vous vous photographiez !


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