La Chine des années 50-60 sous le pinceau de Li Kunwu

J’ai l’étrange sentiment d’espionner la vie privée de Li Kunwu, croisé par presque hasard à Paris. Cette rencontre me fait voir différemment les bandes dessinées qui ont fait le succès du dessinateur. J’ai le souvenir de cet homme avec son appareil photo et son sourire. Depuis que j’ai lu Empreintes, il s’est formé une espèce de boucle entre sa bande dessinée et moi. Empreintes met en effet en scène l’auteur avec un appareil photo lors de ses enquêtes sur la culture traditionnelle chinoise. Je me suis même demandé si je n’allais pas apparaître dans une future BD qui relaterait son succès à l’étranger…

Comme cela me paraît tout de même peu probable, je suis partie en quête de Une vie chinoise, le fameux ouvrage qui lui a valu une reconnaissance internationale.

Réalisée en trois tomes avec P. Ôtié, l’histoire de Li Kunwu commence dans sa tendre enfance lorsque ses parents se rencontrent, que son père monte en grade au sein du parti pour finalement être déchu. Le récit de cette jeunesse qui découvre, accompagne, ou subit le mouvement du “Grand bond en avant” puis de la “Révolution culturelle prolétarienne est saisissant”.

Avec une préface de Pierre Haski, on se doute que les pages suivantes prendront une tournure politique. Cependant, bien que l’on connaisse vaguement l’histoire de la Chine communiste grâce aux cours du lycée, Une vie chinoise permet de se rendre compte de la bipolarité de ce mouvement des masses entre idéologie et misère.


Le premier tome est intitulé “Le temps du père”. J’admets que le déroulement de l’histoire me rappelle le roman Les enfants de Staline. La trame est étrangement similaire, mais paraît finalement logique compte tenu des liens qu’entretenaient l’URSS et la RPDC.

Bien entendu, il y a aussi le dessin de Li Kunwu, si contrasté et dur dans son enfance, mais en nuances de gris à l’âge adulte. J’aime ces fresques disposées dans des cases comme des illustrations documentaires à elles seules.

Li Kunwu, Une vie chinoise, 1. Le temps du père, 19,95

 


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