Le travail doit changer, mais comment ? #biennaledesign17

Prise par les évènements, j’ai un peu délaissé les articles prévus au sujet de la Biennale du Design de Saint-Étienne (mars-avril 2017). Il faut dire que c’est une Biennale qui m’a un peu fait travailler les neurones, sur des sujets que je n’avais pas envie de vous envoyer comme une carte postale sans personnalité.

Ayant changé ou même bouleversé mes façons de travailler en quelques mois, le sujet relatif à l’avenir du travail exposé durant cette Biennale a fait vibré mon petit cœur de névrosée post-burn-out qui a choisi de monter sa boîte. Beaucoup de choses m’ont poussé progressivement vers ce choix d’entrepreneuriat à plein temps, alors que des signaux annonciateurs s’étaient déclarés avant. À Saint-Étienne, j’ai vu une exposition d’un rapport au travail plutôt pessimiste ou même anxiogène. Concrètement, je me disais que si tu visitais la plupart des expos pendant un moment de flottement professionnel, il était probable que tu envoies ta démission le lendemain.

Un grand espace des expositions IN annoncé sous le titre “Panorama des mutations du travail” nous montrait alors les évolutions de notre rapport au travail tant dans la création des espaces du domaine tertiaire, ouvriers, mais aussi dans la façon dont les hiérarchies se mettent en place pour finalement avoir des impacts sociaux bien au-delà des portes du bureau.

Un classement des métiers sur Kakemonos.

La tenue de cette Biennale du design autour du Working Promesse dans une ville autrefois minière berceau de la soierie française et de feu Manufrance, et l’invitation de Détroit en ville invitée accentue encore plus cette dimension pessimiste. La dépendance au travail comme lien social et comme ascenseur social. Sans lui on peut peu de choses, pourtant on voudrait s’en défaire. Cela résonne quelque peu avec cette tendance actuelle où beaucoup souhaitent promouvoir le freelancing comme une prise de liberté devant les employeurs qui nous oppriment. Mais à devenir son propre patron, n’en devenons-nous pas moins patrons ?

Aperçu de “La fin du travail” dans le cycle “Panorama des mutations du travail” – Stéphane Degoutin et Gwenola Wagon, Call Center à échelle réduite, 2017

Le travail se pose comme synonyme d’emploi. C’est celui où un rapport se crée entre ceux qui proposent du travail et ceux qui ont une force de travail à échanger. C’est un troc où une compétence, un temps passé, s’échange contre un salaire. Cela fonctionne, et le travail du freelance n’est pas moins différent puisqu’il échange du travail pour des clients contre un paiement de facture.

Morceau choisi de “Architecture du travail” ou “Architecture as a Political Practice : Labor”, exposition IN de la Biennale 2017

Certains parlent alors de revenus universels, pour en faire même un argument de campagne électorale, où chacun gagnerait au moins de quoi subsister permettant ainsi l’accomplissement d’un travail choisi dans lequel on se sentirait alors moins enfermé, dépendant, et parfois esclave. C’est un modèle profondément keynésien où l’on pourrait consommer pour faire fonctionner des entreprises qui elles-mêmes seraient capable de mieux rémunérer. On parle de travailler pour gagner sa vie, que perdons-nous, et que gagnons-nous réellement ?

D’autres pointent le travail comme étant une aliénation d’une classe populaire qui n’a d’autres choix que de suivre la machine abrutissante pour servir le rouleau compresseur qui régit peut-être beaucoup trop de choses dans nos quotidiens.

Morceau choisi de “Architecture du travail” ou “Architecture as a Political Practice : Labor”, exposition IN de la Biennale 2017

Tout cela s’entrecroise et s’entrechoque. Je n’arrive pourtant pas à définir quel pourrait être le système de travail idéal où chacun trouverait son compte. Les choses sont beaucoup plus compliquées, et même si nous nous efforçons de mettre en place de nouvelles règles qui protègent dans un sens ou dans l’autre, il y a toujours des exceptions qui posent problème. Chacun connaît un ami qui a eu une très mauvaise expérience avec son employeur. Également, il y a aussi ces employeurs, surtout dans les petites entreprises, qui craignent même leurs salariés parce que si quelque chose tournait mal et qu’ils devaient en payer le prix, l’activité globale de la société pourrait en souffrir et les emplois des autres collègues aussi.

Morceau choisi de “Architecture du travail” ou “Architecture as a Political Practice : Labor”, exposition IN de la Biennale 2017

Tout ce système fonctionne actuellement finalement parce que nous l’avons accepté. Chaque jour je suis confrontée au Code du commerce, au droit des sociétés, au Code du travail qui mettent en place des obligations et des procédures. Il ya des règles absurdes, d’autres des trop compliquées, et des salutaires. J’y ai quelque part moi aussi contribué, par la création d’une entreprise. La clef de voûte de tout cela, quelle est-elle ? Peut-être est-ce elle que nous devrions faire muter.

Encore une fois je vous invite à écouter attentivement les histoires sonores de l’exposition Extravaillance.


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