Anima Mundi au Cellier de Reims – Rencontre avec Céline Prunas

Ma première rencontre avec Anima Mundi fut orchestrée par une affiche de la ville de Reims devant le Manège. Elle montre ainsi deux mains mystérieuses, sombres, qui suscitent l’attention. Les bras ne semblent pas tout à fait comme on a l’habitude de les voir, il se passe quelque chose de plus. Voici donc comment j’ai noté Anima Mundi dans ma liste des expos de la rentrée. En plus cela se passe au Cellier, lieu tout simplement magnifique dont les scénographies font honneur aux artistes exposés.

Les photos que j’ai choisi de vous montrer sont tantôt des détails, tantôt des visions d’ensemble de la première exposition monographique de Céline Prunas. J’espère qu’elles vont inspirer chez vous une curiosité qui vous poussera peut-être même à franchir les portes de Reims si vous n’y habitez pas. Pensez à me filer le mot !

Le thème Anima Mundi

Portrait de Céline Prunas dans son atelier de linogravure à la Fileuse de Reims, friche artistique.
Céline Prunas dans son atelier. Elle pratique la gravure depuis 2 ans, initialement résidente La Fileuse de Reims pour sa peinture. C’est une pluridisplinaire dont le parcours entre histoire de l’art, arts appliqués et paysagisme enrichit sa vision personnelle et universelle de l’Anima Mundi.

Céline Prunas a mon âge. Je ne sais pas si cela participe à la proximité que j’ai pu entretenir avec les œuvres durant la visite de l’expo. C’est sans doute un peu prétentieux de dire cela. Cependant, la thématique Anima Mundi semble être tout de même une exploration générationnelle, pour nous qui arrivons après une un âge d’or économique, industriel, que nous commençons peut-être à regretter. Anima Mundi, c’est un lien entre l’homme et la nature, mais bien au-delà de ce que l’on peut dire de relativement banal. La vision de Céline Prunas est complexe, nourrie par ses recherches et connaissances dans les mythologies du monde, ainsi que son expérience concrète en tant que paysagiste. Elle-même fut mise en face de la problématique de changer la nature, plutôt que d’échanger.

Mais pourquoi détruire pour plaire aux yeux de l’homme ? Pourquoi l’homme façonne-t-il la nature dans un intérêt esthétique prenant uniquement en compte le végétal en ignorant l’animal ?

À l’heure où le progrès est parfois synonyme de chaos, son travail présenté dans l’exposition Anima Mundi au Cellier à Reims du 12 janvier au 5 mars 2017 se questionne, et vous questionne. N’oubliez pas de lire le livret écrit par Béatrice Meunier-Déry, tout sera mieux expliqué que je ne peux le faire.

Détail de Le Ciel qui fait partie d’un triptyque
Matrice de linogravure, vous pouvez voir les reliefs de la plaque de lino qui ont permis l’impression du dessin du support papier.
Détail de La Mer qui complète le triptyque : La Mer, Le Ciel, La Terre.
Vue d’ensemble sur le triptyque dans l’espace d’exposition du Cellier.
Le repos.

Sensualité et transmission

Cet intertitre olé olé m’est venu lors d’une conversation avec Perrine Guillet lors d’un échange sur notre ressenti devant le travail de Céline Prunas. Nous parlions de ces gaufrages. Ils sont plus subtils dans le rendu. Pourtant, j’ai émis qu’il s’agissait là de sensualité au sens propre. Tout est une affaire de sens, et les nuances deviennent importantes. Vous remarquerez cela même dans les linogravures où il semble que des reliefs apparaissent encore dans les parties blanches. C’est volontaire, et une nouvelle dimension est donnée à l’œuvre.

Céline Prunas nous parle, et nous transmet ses réflexions. Grâce aux matières et aux motifs, il se passe beaucoup plus de choses. Il ne faut alors pas penser les œuvres comme étant de simples images. Vous imaginez donc bien qu’il vaut mieux les voir en vrai pour les apprécier.

Hors de question de nous jeter ces réalisations sans explications. Céline Prunas nous livre également un Dictionnaire de la Gravure. Cet art un peu oublié reprend le devant de la scène pour un public curieux qui a besoin d’apprivoiser le médium.

Dans l’intimité de l’atelier de Céline Prunas à La Fileuse, j’ai eu la chance inouïe de voir les coulisses de l’exposition, des œuvres réalisées pendant une année de travail entièrement dédiée à cette monographie. Une expérience dont on ressort à la fois inspiré et poussé à l’introspection devant notre rapport à la nature.

Quelqu’un qui s’est habitué à considérer la vie de n’importe quelle créature vivante comme sans valeur finit par penser qu’une vie humaine ne vaut rien.

Dr Albert Schweizter (1875-1965)

Une citation bien à propos dans le livret de l’exposition, l’atelier de Céline Prunas étant situé rue Docteur Albert Schweitzer dans les locaux de La Fileuse.


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