Yayoi Kusama, la poésie de la répétition

Si vous avez une meilleure idée pour le titre de ce billet, je suis preneuse.

J’ai reçu il y a quelques semaines une invitation pour l’inauguration de l’exposition Yayoi Kusama au Centre Pompidou. Non, ce n’était pas du tout un privilège de blogueuse, mais juste une petite nocturne réservée aux abonnés. Bref, je reçois avec surprise un beau carton d’invitation et je me suis mise à frimer.

Sauf que je ne savais pas du tout qui était Yayoi Kusama, sacrilège ! Il fallait que j’y remédie alors j’ai très rapidement regardé sa biographie sur Internet. Par contre, j’ai décidé de ne pas ouvrir le Code Couleur (magazine du Centre Pompidou) et encore moins de lire les analyses de son oeuvre. En effet, je m’étais décidée à essayer d’avoir un oeil neuf sans aucune connaissances préconçues au sujet de l’exposition.

Par exemple quand je vais voir Munch ou Arman, je pense au Cri et aux Poubelles. Là, j’avais la chance de pouvoir apprécier de manière innocente une grande exposition retrospective.

J’ai d’abord été à moitié hypnotisée par la carte d’invitation. Je n’arrivais pas tellement à comprendre cette tête qui flotte, j’ai pensé à une simple incrustation numérique. Mais non, Yayoi Kusama est elle-même fondue dans le décor car ses vêtement et tout le mobilier porte le motif de son tableau Yellow Trees dans l’installation Yellow Trees Furnitures (2002).

C’est bon, cela commence, je suis bluffée et hypnotisée… la visite de l’exposition va-t-elle confirmer ce sentiment ?

“Ma vie est un pois perdu parmi des milliers d’autres pois”, Yoyoi Kusama, 1960

J’entre dans la Galerie Sud… Première pièce, une installation. J’entre chez quelqu’un : meubles en bois, nous sommes dans une salle à manger. La salle est plongée dans une obscurité qui permet à des néons d’agir sur une multitude de pois de toutes les couleurs collés à travers toute la pièce… partout. Meubles, objets, murs, plafond, sol… aucune surface n’est épargnée.

Je comprends alors qu’il s’agit de l’introduction de l’exposition, nous entrons au sens littéral dans le monde de Yayoi Kusama. Celle qu’on dit avoir commencé son art lorsqu’elle a vu surgir dans la salle à manger de chez ses parents une multitude de pois, telle une hallucination. J’ai été initiée, je peux enfin entrer dans l’exposition.

Une oeuvre protéiforme

Voilà ce que m’annonce le dépliant distribué à l’entrée. Et ce n’était pas une blague. Peinture, dessin, collage, sculpture, vidéo, performance, installations… que n’a-t-elle pas fait ? Yayoi Kusama, entre 1949 et 2010 a eu une production immense. Ici, on peut voir une sélection de 150 oeuvres (seulement ?).

Il faut maintenant que je digère tout ce que j’ai vu. La découverte fut totale.

Mon esprit faible a surtout été marqué par les performances aux tendances psychédéliques. On est à la fois admiratif et déstabilisé. L’entrée dans un univers hypnotique est total. Les tableaux de Yayoi Kusama les plus récentes sont celles qui m’ont peut-être le plus touchée. En effet, la répétition de forme avec une seule couleur jusque remplir toute une toile m’a rappelée la poésie.

Oui, oui, la poésie. Peut-être que je délire, mais pour moi c’était dans la répétition de ces formes de même couleur qui permettait l’expression de rythme. Pour résumer, ce qui me plaît c’est de réussir à faire apparaître des choses à partir de pas grand chose. C’est pour ça que je suis attirée par tous les travaux minimalistes ou toute création où tu sens que le type (ou la femme) a été un peu malin. J’aime être bluffée.

Par contre, j’ai été beaucoup moins touchée par toute une partie de l’exposition qui portait sur la politisation de l’oeuvre de Yayoi Kusama. Mais je ne suis pas de la bonne époque. Je suis née à la fin des années 80 où le féminisme et les revendications culturels sont des choses admises. J’ai grandi avec une idée de parité et ne recherche pas à faire de révolution. Cela a même tendance à me lasser.

Je suis lassée de tous ces mouvements qui crient haut et fort à partir de provocations. J’ai besoin de calme et de réflexion pour choisir les bonnes voies dans ma vie, et j’ai à peu près la même vision au sujet de la société. Le monde entier va très vite, et de plus en plus vite notamment avec les nouvelles technologies d’information et de communication.

C’est pourquoi de voir des oeuvres produites dans les années 60, – dans un temps où on manifeste et où on cherche à faire valoir des revendications – m’a presque agressée.

Mais cela demeure totalement subjectif.

À voir

Dans tous les cas, je vous conseille vivement d’aller voir cette exposition. Il s’agit de la première retrospective en France de Yayoi Kusama et il se peut qu’on n’en ait pas d’autres avant un petit moment. Donc si vous passez par là, n’hésitez pas !

10 octobre 2011 – 9 janvier 2012
11h00 – 21h00Centre Georges Pompidou
Place Georges Pompidou, 75004 ParisGalerie Sud


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