“J’imagine que toi aussi, tu es impactée ?”

Puisque l’on me pose souvent la question, je vais tenter de répondre simplement, à cette fameuse question : “j’imagine que toi aussi, tu es impactée par la crise ?”.

Et ben oui, tu vois, je ne suis pas isolée dans un hermitage économique où la situation financière du reste du monde ne m’impacterait pas. D’une part, moi aussi j’ai des frais, d’autres part, mes clients aussi en ont.

La partie (un peu)(tout le temps) ingrate d’être prestataire

Parce que c’est de saison.

Je peux toujours travailler, je le fais toujours, et je peux toujours le faire puisqu’aucune mesure sanitaire ne va à l’encontre de mon activité professionnelle. Seulement, on ne travaille pas pour la passion mais aussi pour recevoir de l’argent sur son compte. Nous sommes dans cette histoire, un peu tous dans le même panier (presque) et je prends avec un peu trop de philosophie le fait que c’est assez normal de voir des missions qui se suspendent. Du moins, c’est compréhensible, et de toute façon, il vaut peut-être mieux ne pas travailler plutôt que de le faire avec des personnes pas si honnêtes qui ne pourront pas nous régler après, n’est-ce pas ? Dans ce contexte, la transparence est très importante pour faire ses choix.

Nous sommes donc dans un monde où les deux expressions favorites sont “compte tenu de la situation”, et “réduire la voilure”. Mais qu’à cela ne tienne, c’est le jeu ma pov’ Lucette. Encore et toujours, la tréso c’est la vie.

Alors, oui, c’est lent, c’est compliqué. Oui j’ai très peur. Oui je fais ce que je peux, mais je n’ai aussi aucune idée de ce qui se passera après.

Se raccrocher à ce qui fonctionne, et élargir les sentiers

Je suis loin d’être sans travail, totalement. Là dessus, je suis même dans une relative bonne situation. Tout tourne au ralentis, mais cela tourne toujours.

Alors je m’accroche à ce qui se passe bien, et pour le reste, je fais aussi ce qu’habituellement, je n’aurais pas trop envie de faire. Cela peut même donner quelques idées, mais que je n’ai toujours pas le temps de traiter. En fait, dans une logique qui suivrait la fameux diagramme d’Eisenhower, je rabats mes cartes vers le pécuniaire. Là, je dois me bloquer une journée pour terminer des affaires administratives afin de pouvoir demander des aides de l’État. Elles sont là, je ne suis pas éligible à tout, mais je vais prendre ce qu’il y a à prendre. Mais j’ai repoussé plusieurs fois, pour d’abord exécuter les tâches que je pouvais facturer. En ce moment, envoyer une facture, c’est précieux.

Demander la transparence totale sur les modalités / capacités de paiements

Vraiment, s’il y a bien UN truc qui me pompe l’air dans la gestion de cette affaire, c’est quand on t’envoie promener dans tous les sens pour gagner du temps. Qu’un client me dise qu’il veut réduire la voilure ou suspendre une mission, je n’ai aucun problème avec ça. Au contraire, je trouve cela plutôt intelligent de vouloir sauvegarder des emplois en se passant de quelques dépenses. Moi-même, j’ai également coupé quelques budgets dans mon fonctionnement quotidien. Alors, autant nous sommes tous dans le même bateau, autant il ne faut pas mettre tous les oeufs dans le même panier.

Cette politique d’optimisation de cash flow où on t’annonce que tu as été réglée alors que ce n’est absolument pas le cas, et que tu ne l’es pas tant que tu n’envoies pas X relance, voir même une de ton avocat, c’est usant. Manque de chance, j’ai beau accepter mes torts aussi, je suis vraiment têtue quand on a décidé de m’embêter. Je suis même une grosse conne, si tu veux mon avis sincère.

Ne pas céder à la panique (facile à dire)

Je pense que j’ai passé les 3 premières semaines du confinement en mode panique totale, où je me voyais déjà devoir déménager à cause de ma baisse de revenus, mais dans une situation où je ne pouvais pas déménager parce que c’est le confinement. Tu vois le serpent qui se mord la queue ?

J’ai pris vraiment du recul, notamment grâce à l’expert-comptable qui m’a conseillée sur la manœuvre à exécuter, et grâce à un suivi relativement efficace de la tenue de mes affaires. Petite pub, c’est rassurant d’avoir un tableau de bord (j’utilise ça) mis à jour où tu sais où tu en es. Prendre du recul, c’est le meilleur moyen de se calmer un peu. Bon, au début tu paniques, et puis, tu te dis que de toute façon, comme il faut bien survivre, tu relèves tes manches et tu vas dans le sens qui te semble le plus intelligent.

Ne pas céder au surmenage (haha)

Les missions de gestion de projet éditoriaux font que je suis régulièrement obligée de déléguer une partie de la production de contenus. D’un point de vue pratique, c’est plus facile de prendre en charge des projets plus volumineux. Qualitativement, c’est aussi très satisfaisant pour plusieurs raisons que je ne vais exposer ici. En toute logique mathématique, si j’ai envie de gagner plus d’argent, alors je cherche à augmenter ma marge, donc je peux me passer des personnes avec qui je collabore pour prendre une plus grosse part de gâteau. C’est, dans mon cas, contre-productif, j’en ai parlé dans mon billet précédent. Et puis, n’étant qu’une brique dans notre système économique, j’aime bien me dire que je participe aussi aux affaires d’autres personnes.

Si mon boulot t’intéresse, tu peux regarder cette vidéo qui dure un peu moins de 20 minutes (les slides) :

Faut-il penser au monde d’après ?

Je n’en sais fichtrement rien.

Je suis contente d’avoir pu diversifier tôt mes activités, et de travailler pour des secteurs totalement différents les uns des autres. Je constate, vraiment, que la notion de crise est toute relative et que pour certains, ça va. Aujourd’hui, mon travail consiste à surfer sur la vague et faire en sorte de garder le bateau à flot. Alors ne t’en étonne pas, si je continue à stresser, si parfois je suis inquiète, ou même si j’angoisse. Mais ne t’inquiète pas, j’ai un instinct de survie qui devrait m’être très utile dans les semaines, et mois, à venir.


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