L’ordre du jour de Eric Vuillard, Prix Goncourt 2017

Voici un roman dont on parla beaucoup. L’ordre du jour n’est pas le premier roman d’Eric Vuillard, c’est cependant le premier écrit que je lis de lui. Attirée par la première de couverture avec ce personnage curieux, et la quatrième de couverture qui décrit un récit, qui conterait de façon commentée le déclencheur de la Seconde Guerre Mondiale, me voilà séduite. C’est en effet exactement le style de lecture qui me plaît : un point de vue à la fois vrai et subjectif sur une histoire vraie et bien connue.

L’ “ordre du jour”, est un terme qui désigne les sujets qui seront abordés lors d’une réunion. On parle d’ordre du jour pour un rendez-vous téléphonique, ou une réunion d’assemblée générale d’association. Il liste les thématiques sur lesquelles il nous faudra éventuellement débattre, mais surtout à propos desquelles il est nécessaire de prendre une décision. À l’issue de cette entrevue, il faudra que le sujet soit clos.

En ce sens, L’ordre du jour de Eric Vuillard remplit le contrat. Nous entrons dans les coulisses de l’annexion de l’Autriche à l’Allemagne en 1938. L’Anschluß (trop envie d’utiliser le ß), on en parla beaucoup durant nos cours d’histoire. Le terme d’Anschluss est la métonymie de tout le processus d’annexion. L’Allemagne, le régime nazi plutôt, considérait alors que l’Autriche était allemande, elle devait naturellement rejoindre l’état mené par Adolf Hitler en Führer (meneur) persuasif. Or ces évènements remuèrent la société de cette époque, on prend du recul sur les images que l’on a vues dans les documentaires qui – ne l’oublions pas – sont souvent des images de propagandes sur lesquelles on ajoute un commentaire contemporain.

Mais cet ordre du jour ? C’est celui de la réunion où les grandes entreprises de cette époque ont accepté de financer le régime nazi. Ce financement, même pensé d’un point de vue uniquement financier, même avant que le national-socialisme ne devienne l’horreur que l’on connaît aujourd’hui, est reprochable. Le roman met alors le doigt sur ce point précis. La participation d’acteurs économiques majeurs, encore de nos jours, à des évènements dont on n’est pas fiers. On faisait alors comme tout le monde, mais on a bel et bien sorti les chèques, on a même parfois utilisé la main d’œuvre issue des déportations pour ses propres manufactures.

La lecture de L’ordre du jour est agréable et rapide. Éric Vuillard a le bon mot qui commente de façon piquante des évènements historiques. Je n’ai pas toujours été emballée par les termes choisis et les regards sur les faits décrits. Je suppose que c’est aussi une question d’humeur, j’admets ne pas avoir toujours été bon public. Pourtant c’est un ton qui a séduit bon nombre de personnes, puisque L’ordre du jour remporta le Prix Goncourt 2017, haute distinction littéraire.


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