7 heures dans Paris – Monet-Mitchell à la Fondation Louis Vuitton

7 heures, c’est à peu près le temps d’une journée travaillée. C’est quasiment le temps que je me donne systématiquement pour des morceaux de projet, et c’est aussi un joli chiffre. De 11h à 18h, je suis restée à Paris un samedi. Après des semaines et des semaines de déplacements pour le travail, j’ai pu jouir d’une journée parisienne dédiée à la détente. C’est presque un mensonge, comme tous mes instants de détente, car comme vous le savez, je trouve toujours un moyen d’en faire quelque chose. Parce que je finis par accepter qu’une (très grande) partie de ma carrière tient au fait que j’ai passé des années à chercher différentes façons de raconter ma vie. Sujet comme un autre, prétexte banal, pour s’exercer à bavarder. C’est tout de même un moment de relâche apprécié, que de n’écrire que pour son propre compte sans éditeur, sans relecteur et sans personne à satisfaire à par soi-même. Espérant parfois trouver mon public, je réalise que s’il y a bien un lieu où je ne souhaite pas me forcer à garder une ligne éditoriale, c’est bien ici. Petit blog tenu depuis 13 années maintenant. Ici tout est imparfait, et c’est qu’est la vie que j’aime.

Je me suis donc rendue à Paris un samedi afin de déjeuner avec une amie et de visiter l’exposition « Monet – Mitchell » qui se tient actuellement à la Fondation Louis Vuitton. Belle occasion pour voir enfin la Fondation Louis Vuitton que j’esquivais un peu depuis son ouverture. Toujours craintive des lieux très en vogue et récent. Peur de la cohue et de la déception.

Que s’est-il passé pour que je n’entende pas parler de Joan Mitchell (1925-1992) avant ? Comment se fait-il que je n’avais pas eu vent de l’existence sur Terre de Joan Mitchell, cette peintre dorénavant reconnue comme étant un des très grands noms des arts-plastiques au XXe siècle ? Déjà très familiarisée avec ce que faisait Claude Monet (1840-1926) à son époque, comme tout le monde, j’aurais aimé découvrir plus tôt Joan Mitchell. Installée à Vétheuil, soit à 15 kilomètres de Giverny, Mitchell n’a jamais cherché à copier Monet. C’est évident. Même si l’on confronte les tableaux et qu’on les pose dans une exposition dialogue, la différence est bien là. C’est un peu ça la magie de l’art, voir les héritiers de ce que l’on fait, toujours continuer à réinventer. Car Mitchell en parle elle-même. Si elle voit le bleu du matin sur le Val d’Oise et la Normandie, Monet voyait la même couleur. Les artistes sont différentes, les époques se suivent, mais les lieux sont les mêmes. La lumière est toujours celle qu’a connu son précédent. Surtout lorsque l’on se rend compte que Joan Mitchell naquit une année avant le décès de Claude Monet. Celui qui marqua les artistes aux États-Unis lors de l’acquisition de Nymphéas exposées au MoMA de New York. Je ne me rendais d’ailleurs pas compte d’à quel point les Impressionistes ont pu influencer les artistes américains, surtout avec cette histoire d’entrée au MoMA. Je pourrais alors digresser au sujet de cette énième histoire de reconnaissance par les institutions. Tourner en boucle, les institutions connaissent pour faire connaître. C’est via elle que les anonymes et les discrets deviennent les célébrités et les idoles. Et il est vrai que lorsque l’on regarde les expositions de Joan Mitchell en France, il y a un trou temporelle entre le début des années 2000 et maintenant. Du moins dans les lieux que j’aurais pu fréquenter (facilité d’accès, situation, dates, etc.). D’ailleurs, même si je n’ai rien contre Jean Paul Ropielle, mon côté féministe est tout de même heureux d’avoir pu apprécier une exposition dédiée à Joan Mitchelle, elle-seule, et non accompagnée de son époux.

Autrement, pour visiter la Fondation Louis Vuitton, cela vaut le coup de prendre le métro pour ne pas marcher trop au hasard et sans savoir où l’on va. Surtout si vous n’avez pas envie en ce moment de traverser des pâtés de maison en travaux comme ce fut notre cas entre les Champs-Élysées et la Fondation LV.


Les photos furent prises avec un Pentax Spotmatic SPII et un film 35mm Lomochrome Metropolis.


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