Perception de l’instant décisif

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En ce moment le Centre Pompidou a l’honneur d’accueillir une exposition consacrée à Henri Cartier-Bresson. Lorsque j’ai étudié la photographie de presse durant mes jeunes années où je me voyais devenir journaliste, je ressentais une opposition entre le travail de Henri Cartier-Bresson et celui de Raymond Depardon dont j’ai déjà beaucoup parlé sur ce blog.

Lors d’un cycle “culture visuelle” à l’université de Nantes dirigé par Sylvain Maresca pendant ma formation en info-com, j’ai découvert à quel point Cartier-Bresson travaillait l’instant décisif qui finalement n’a été permis que par l’évolution de la technologie photographique.

Pour moi le rapport à la photographie avant d’être une affaire de Lumière, est une affaire de temps. C’est du moins l’approche à laquelle je suis le plus sensible et je pense que c’est également pour cela que j’apprécie autant Depardon.

L’idée est que par un certain talent et grâce à la maîtrise d’appareil photographique avec un déclencheur rapide et au temps de pose minimum, Henri Cartier-Bresson a su prendre sur le vif des instants décisifs qui font les récits de ses images. Si la photo avait été prise une minute avant ou plus tard, l’image n’aurait pas et aussi forte. C’est une manière de penser à la Paris-Match qui mise sur le choc des images.
Effectivement, les clichés produits et diffusés de Henri Cartier-Bresson sont empreints d’une force irrésistible. L’image nous séduit quasiment par sa capacité à capter notre attention sur ce détail figé par l’action du photographe. L’instant décisif permet aussi d’instaurer une réelle logique d’auteur derrière l’action de la photographie. Cette dernière à longtemps et technique, instrument de mesure pour répertorier et classifier comme je l’ai présenté dans mon billet sur l’anthropométrie.

C’est pour cette raison que l’instant décisif, comme le nomme lui-même Henri Cartier-Bresson n’est pas un détail dans l’histoire de la photographie. Bien que dans ma pratique de la photographie je me reconnaisse plus dans les “temps faibles” de Raymond Depardon, comme lors son travail sur New York pour Paris-Match, je ne peux qu’admirer avec respect et idolâtrie Henri Cartier-Bresson.

Henri Cartier-Bresson, Vladimir, Russie, 1972
Épreuve gélatino-argentique, tirage d’époque, 15,8 x 23,7 cm
Collection Fondation Henri Cartier-Bresson, Paris
© Henri Cartier-Bresson / Magnum Photos – Courtesy Fondation Henri Cartier-Bresson
Crédit photographique : © Centre Pompidou, Paris / Photo : Philippe Migeat


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