Les femmes de Stepford, de Ira Levin

Les femmes de Stepford (2004)
Les femmes de Stepford (2004)


Sortie de la romance de Les gens heureux lisent et boivent du café d’Agnès Martin-Lugand et de la pensée torturée de Le joueur d’échec de Stefan Zweig, un ami me conseilla la lecture du roman Les femmes de Stepford écrit par Ira Levin. Il me le présenta ainsi : C’est de l’anticipation féministe par l’auteur de Rosemary’s baby.

Banco, je me lance donc dans la lecture de ce roman paru en 1972. Il a été adapté deux fois au cinéma, la première en 1975 et la seconde en 2004. Sa sortie au cinéma ne m’avait d’ailleurs pas vraiment encouragée à aller le voir au point où j’en avais complètement oublié l’existence. Par ailleurs, l’argument féministe n’est pas vraiment un argument de lecture pour moi mais puisqu’on me dit qu’il s’agit d’un bon roman, j’y plonge !

Johanna quitte New York pour rejoindre une ville tranquille de banlieue nommée Stepford accompagnée de son mari et de ses deux enfants. Elle ne travaille pas mais exerce la photographie sur son temps de loisirs, des photographies qu’elle parvient à revendre à des agences toujours intéressées. Son mari quant à lui est avocat et travaille encore à New York.

La spécificité de ce couple ? Ils sont tous les deux militants pour l’égalité entre les sexes notamment à la maison et sur les décisions du quotidien. Les tâches ménagères sont partagées, la garde des enfants se fait avec négociation si l’un des deux a besoin d’une sortie solitaire, tout ce qui peut sembler très évident à l’heure actuelle.

Seulement les autres ménages de Stepford ne semblent pas vivre de la même manière. Mises à part dans deux familles qui viennent également d’arriver, les épouses ressemblent à des pin up de publicités pour lessive et s’enferment chez elles pour sans cesse frotter chaque parcelle de la maison.

Sur le sol de vinyle ivoire, quelque écran de plastique translucide, sorti de la publicité télévisée, venait se poser.

Les femmes de Stepford (1975)
Les femmes de Stepford (1975)

Une cuisine normale, vivante, paraît alors impossible au point où Johanna se vante d’avoir une cuisine bordélique tant celles des autres maison sont beaucoup trop propres pour être réelles.

Peu à peu, Johanna voyant ses amies devenir elles aussi des ménagères parfaites – toujours belles, toujours à faire le ménage, toujours accueillantes et souriantes, toujours disposée – commence à s’inquiéter. Ces changements et ces comportements euphoriques et serviles viendraient-ils de la ville ? Que se passe-t-il au Club des hommes dont chaque mari fait partie en interdisant les épouses d’y entrer ? Serait-ce bientôt son tour ?

Soucieuse et agitée, Johanna demande l’avis de Walter son mari qui lui expose simplement :

Tes amies ont changé pour le raisons que je t’ai exposées : elles ont pris conscience de leur paresse et de leur négligence. Il était grand temps que Bobbie commence à se soucier de sa présentation. Toi aussi, tu pourrais peut-être t’en préoccuper un peu et consulter quelquefois ton miroir.

La femme est donc responsable du bien-être du couple et de la famille et doit être une épouse parfaite comme l’est devenue Bobbie car l’inverse n’est que pure paresse et égoïsme. L’une des amies de Johanna a même abandonné le tennis et fait détruire son terrain personnel pour favoriser l’activité de son époux. C’est du temps qu’elle peut allouer à autre chose de plus utile comme le ménage ou se pouponner afin d’être disposée à plaire.

C’est intéressant de voir que le point de vue masculin présenté par l’auteur (un homme) est celui où pour répondre aux besoins du couple et de la famille, la femme doit se mettre à disposition et abandonner ce qui fait d’elle un individu à part : son temps, ses loisirs, ses envies personnelles, sa personnalité. Mais le roman présente aussi un homme mauvais et égoïste par nature qui estime que pour le bien de tous, c’est la femme qui doit prendre le poids des tâches quotidiennes sans pour autant intervenir dans les décisions.

Les femmes de Stepford, parfaites et sans âme.
Les hommes de Stepford, dominants et fourbes.

Les femmes de Stepford est un bon thriller satirique qu’on lit avec plaisir . Et bien qu’on ne puisse pas être forcément en phase avec cette présentation manichéenne des rapports dans les foyers, il permet aussi de mesurer une dose de féminisme de l’Amérique des années 70.

> Les Femmes de Stepford, Ira Levin


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