Des secondes en minutes en heures en jours en semaines en mois en années, etc.

C’est peu croyable, tout ce que je lis. Je suis passée de celle qui ne lit quasiment rien, incapable de se concentrer, à celle qui se retient presque de terminer un ouvrage par semaine et surtout qui commence à s’inquiéter pour son compte en banque. Car si j’ai beaucoup de mal à emprunter en bibliothèque (parce que c’est stressant de peut-être ne pas pouvoir rendre le livre en bon état ou à temps ou de prolonger le prêt) et que j’essaie tout de même d’attraper les bons plans lectures (occasions and co), ça commence à faire beaucoup… J’en suis au point où j’ai une liste d’envies pour – si jamais – quelqu’un aurait envie de me faire un cadeau. Pourtant même si je m’appauvris d’un côté, c’est sans doute une façon d’être un peu moins riche plus saine que de sombrer dans la consommation de substances illicites et psychotropes ? Tu vas me dire que c’est facile de comparer tout à la drogue, la drogue, c’est un peu le point Godwin de l’achat déraisonné. Celui où lorsque j’allais simplement acheter, juste, seulement, un briquet au Relay de la gare de ma ville pour allumer des bougies, je repars avec un ouvrage Gallimard à peine sorti, pas en format poche, sous le bras. Mon niveau de résistance devant cette étincelle de curiosité qui m’anime est foncièrement égale à zéro. Vraiment, cela pétille et cela me procure un plaisir immense de constater que mon cerveau fonctionne de nouveau après des mois de léthargie intellectuelle. Cela dit, ce n’est pas parce qu’il se passe beaucoup de chose que je suis pour autant efficace. Là tout de suite, j’écris ce billet de blog alors que je devrais terminer un article un peu compliqué à structurer pour le travail. Un peu compliqué car c’est une idée que j’ai eue « comme ça » en faisant la vaisselle et qu’elle a été acceptée pour une publication professionnelle. Mais une idée sûrement pas assez mûre encore, moi qui passe normalement des semaines entières avec un détail pour la transformer en pensée puis en idée puis en projet puis en action puis en peut-être quelque chose de concret. Des semaines, ou qu’écris-je, des mois parfois. Des années ?!

L’échelle du temps, je me rends compte que c’est un sujet que j’ai beaucoup abordé ici depuis le printemps 2020 (toi-même tu sais). Cette fascination pour le temps qui passe et la façon de l’appréhender. Tout est relatif, mon cher Albert. Quelques éléments du quotidien montrent que je suis relativement anxieuse au sujet du temps. J’ai du mal avec les plannings, surtout lorsqu’ils changent, lorsque l’on me demande d’en faire ou lorsqu’il faut savoir quand le repas sera prêt, à quelle heure il faut partir pour prendre le train. Je dois dire que je n’en sais rien. Quand je vois 7h10 sur ma montre, j’ai l’impression que je dois courir à vive allure pour faire 200 mètres afin d’avoir le train de 7h44. Quand je regarde sur une horloge analogique, je vois que j’ai environ la moitié du cadran pour y aller. Ça passe ! Mais c’est pire, car c’est aussi comme cela que j’arrive en retard. Encore une fois, la différence entre le numérique et l’analogique, l’appréhension du chiffre et de l’espace. Ah oui c’est vrai, la dyscalculie. Et vraiment, très ennuyeux. C’est de la perdition de ne pas savoir où l’on est, pourquoi, quand, à quel moment, très souvent. Tout cela est épuisant. Quand j’ai un rendez-vous dont je veux profiter, une activité dont je souhaite jouir, je m’assure d’avoir une longue plage horaire libre après. Quelle difficulté d’être réellement présente, autrement ! Je ne pense qu’à la potentielle possibilité d’être en retard et de ne pas satisfaire le planning.

Et pourtant là, je procrastine.

Au sujet de la procrastination, cette excellente série sur ARTE est à visionner absolument : sur Arte.TV, sur Youtube.


Je lis beaucoup aussi parce que j’ai programmé avec moi-même des rendez-vous absolument (presque) immuables. Ce sont des routines que je retrouve et qui me font du bien. J’ai l’impression de retrouver cette sensation particulièrement lorsque dans l’enfance/adolescence, je partais me réfugier dans ma chambre avec mes dessins, mes livres et mon ordinateur. J’y étais concentrée, je lisais et je notais, j’annotais et je croquais. C’était apaisant. Concrètement, je fréquente quelques lieux de ma ville assez régulièrement où je suis là, pour lire ou pour écrire (noter les bribes de pensées évoquées plus haut). « Assez régulièrement » est un euphémisme car ce sont les mêmes jours de la semaine et aux mêmes heures. Je devrais essayer ça avec le sport aussi, tiens. On ne sait jamais, je pourrais avoir de nouveau des abdominaux dignes de ce nom ? En ce moment, c’est plutôt l’ambiance bonhomme Culbuto. Aussi, le soir je prends le temps de m’allonger dans mon lit au calme avec ma petite lampe de chevet bien placée pour lire et m’endormir. Cela semble tout banal de lire en allant se coucher et pourtant, cela est tant bénéfique, que je trouve cette action exceptionnelle et merveilleuse.

La différence invisible, de Julie Dachez & Mademoiselle Caroline

La différence invisible est une bande dessinée autobiographique (je crois) traitant du parcours de Julie Dachez, diagnostiquée autiste Asperger à l’âge de 27 ans. Il me semble que le terme « Asperger » n’est plus tant utilisé pour préférer « autisme de haut niveau » mais c’est un domaine où les choses changent vite et tant mieux.

J’ai trouvé la façon dont est raconté l’autisme Asperger très bien, vraiment pas effet barnum (ma hantise) et absolument pédagogique. Les mises en situation du personnage principal permettent autant de voir ce qu’elle vit que le point de vue des autres sur elle. L’autisme n’est pas une maladie, juste une sensibilité et une grille de lecture qui fait que l’on est hors la norme. C’est la norme au sens de la sociologie (je me souviens soudainement de mes cours de SES au lycée), celui qui n’est pas normal est celui qui est différent de la majorité. Cela peut simplement se caractériser par le fait de porter des chaussettes vertes quand tout le monde a des chaussettes noires. Ce n’est pas forcément si grave, et faut-il en faire tout un foin ? Cela n’enlève pas le besoin de s’adapter, mais subir, c’est autre chose.

À lire pour toutes celles et ceux qui s’intéressent à ce sujet, concernés ou non, avec un Aspie ou un neuroatypique dans son entourage ou non.

Dans ta bulle, de Julie Dachez

C’est toujours la même Julie Dachez. Cette fois-ci, nous voici dans un format différent au rayon « Sciences Humaines » et non pas « Développement Personnel » comme on pourrait le croire au premier abord. Dans ta bulle fait l’état des lieux de la vie des Aspies aujourd’hui, dans notre société contemporaine (surtout en France) et leur donne la parole. La conclusion est très politisée, même militante. Si l’autisme n’est pas une maladie, alors elle ne se guérit pas. Apporter du soutien et de l’accompagnement à des autistes dans un monde qui est pensés pour les non autistes, c’est un point de vue bien différent de celui de vouloir annuler leur autisme. Car vouloir éradiquer l’autisme chez une personne, c’est la changer elle, profondément, sa personnalité, ses sensibilités, sa façon de voir le monde, et sans doute ce qui la rend intéressante. C’est la « normopathie ambiante », et elle seule, qu’il faudrait combattre, sûrement pas l’autisme.

Stalker : pique-nique au bord du chemin, d’Arkadi & Boris Strougatski

Mais de quel pique-nique parlons-nous ? Sans doute celui de ces extra-terrestres mystérieux venus visiter la Terre sur quelques sites, les « zones » tout en laissant des traces irrémédiables. Entre artefacts qui défient la physique connue, phénomènes étranges et conséquences sur les riverains, cette visite ne paraît pas très courtoise au premier abord.

En réalité, on n’en sait rien. Les aliens ne sont venus qu’une fois, relativement brièvement et nul ne connait les intentions de ces visiteurs venus d’ailleurs. Pendant ce temps, sur Terre, les humains étudient le phénomènes et les stalkers se faufilent dans les zones pour récupérer des objets qu’ils pourraient revendre sur le marché noir.

Arkadi et Boris Strougatski sont deux éminentes références de la science-fiction russe. Le livre paru en 1972 en pleine ère soviétique ne manque pas de faire écho à de l’actualité.

Il est difficile d’être un dieu, d’Arkardi & Boris Strougatski

Effectivement, j’ai tendance à lire les mêmes auteurs en série. Nous voici encore avec Arkadi et Boris Strougatski. Nous sommes sur une autre planète, cette fois, dans une société féodale observée par des historiens venus depuis la Terre. Sur notre chère planète bleue réside une société humaniste et vertueuse pour laquelle les faits qui adviennent sur ces autres planètes sont des objets d’étude. Camouflés sous les traits d’habitants, ils observent en tant qu’invités en bon naturaliste et en intervenant le moins possible, si ce n’est pour service la science en recueillant des informations. Pourtant, ce qui se passe à Arkanar n’est pas anodin. Les intellectuels sont persécutés les uns après les autres. Notre propre histoire montra que cela ne présage rien de bon.

Sorcières, de Mona Chollet

Ah ! Voici un livre que j’avais depuis bien longtemps dans la liste. Sorcières m’a indignée. C’est la première fois que je lisais Mona Chollet. Moi qui voulais me détendre, je suis maintenant encore plus en colère. Le fait que l’on ait brûlé, torturé, massacré des femmes, juste car elles sont ou veulent être indépendantes/différentes me donne d’autant plus envie de cramer le patriarcat. Les sorcières, ici l’on ne parle pas vraiment de pratiques ésotériques ou de magie. Mais visiblement, l’on trouve encore aujourd’hui des situations où des femmes sont mises au pilori, humiliées et aux propos minimisées, pour le fait d’oser parler, et d’exister.


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