Aufeminin.com a tout compris aux femmes, aux médias, et au Web

Je couve depuis quelques semaines un billet sur la fameuse formation Master Médias Féminins lancé en partenariat avec Aufeminin.com. Manque de temps et en ayant un peu oublié mes notes dans un de mes brouillons, cette idée m’est vite sortie de la tête. Il faut dire que j’ai trouvé l’initiative tellement ridicule que mon cerveau a sans doute fait exprès de l’oublier.

Et d’un coup, voilà que surgit une splendide vidéo interview de Marie-Laure Sauty de Chalon, présidente de Aufeminin.com. C’est pour moi l’incompréhension totale. Madame de Chalon essaie d’expliquer en 7 points les raisons qui font qu’il y aurait une majorité d’hommes sur Twitter. Parmi ces raisons, nous avons le fait que Twitter est un monde un peu geek et que les femmes ont du mal avec cet environnement, ou encore le fait qu’il est difficile de se mettre en avant pour une femme. Les femmes ont du mal à être éloquentes, elle ne savent pas très bien parler, je cite : “on apprend assez vite aux garçons dans les mariages à faire le speach”.

Diable, êtes-vous sérieuses ?

La vidéo se conclue par “Bienvenue aux femmes sur Twitter”, alors que tout son contenu ne donne totalement pas envie. Quand j’entends cela, j’ai l’impression que je vais me faire sauter dessus par des nerds agressifs qui n’ont pour seule ambition que de me dévaloriser par des vagues de tweets pour me faire comprendre que je ne suis pas assez geeks qu’eux.

D’une part, cela révèle peut-être cette tendance à oublier que Twitter, tout comme d’autres plateformes, peut avoir en elle plusieurs communautés. Il y a de tout, on n’est pas obligés de parler à tout le monde et comme partout des rapprochements se font par affinités. C’est un peu de ça la magie d’Internet. Tu as de l’illimité dans les possibilités de conversation mais tu finis toujours pas avoir des interactions plutôt avec les personnes qui ont des points en commun avec toi. Et il y a aussi des femmes qui parlent entre elles, et des femmes qui parlent avec des personnes de l’autre sexe.

Aussi, je ne sais pas si c’est volontaire, mais la locutrice semble avoir une vision un peu limitée de la condition féminine. Nous ne savons pas parler, nous avons peur, nous craignons d’être vue, nous n’osons jamais intervenir. Je vous en prie, dîtes moi que j’ai mal compris.

Le média auto-centré

Mais est-ce réellement étonnant ? Aufeminin.com est finalement le média fait par beaucoup de femmes et à destination des femmes. Et lorsque je regarde la création de ce Master Médias Féminins, je me dis qu’il y a peut-être une explication à tout cela.

Tout cela donne la terrible impression que le média féminin ne vit que pour lui-même. C’est comme si les femmes n’étaient capable que de parler qu’aux femmes. Certes il est fort probable qu’il est plus aisé de parler entre femmes : les mêmes types de problèmes de manière inter-générationnelle, une vision des choses qui a de forte chance d’être commune. Mais lorsque le féminisme est passé par là, est-ce réellement une bonne stratégie de la part d’un pure player féminin de mettre à part les femmes ?

Je m’explique. Aufeminin.com s’inscrit dans l’idée d’être LA plateforme féminine sur le Web francophone. Il s’agit d’une référence en tant que pure player exclusivement féminin et qui produit un volume assez important de contenus. Autour d’Aufeminin.com, il y a par ailleurs un réseau conséquent de sites et de communautés qui permettent de faire vivre ce média. C’est un peu le summum de la réussite 2.0 pour les médias dédiés aux femmes.

Alors quand on entend une analyse de la présence féminine sur un média social qui s’explique uniquement par la dualité homme / femme et l’incapacité de ces dernières à s’adapter au numérique… bravo ! 

Sans parler bien entendu de la vile image faite pour les hommes qui sont ici des compétiteurs acharnés et technophile jusqu’à être prêt à jeter la pierre à quelconque personne ne sachant pas faire des liens en HTML.

Immanquablement, il y a aussi de quoi se poser des questions au sujet du Master de l’IEJ. Peut-être que le parternariat n’est là que pour garantir des stages aux étudiant(e)s. Mais est-ce une bonne stratégie, là encore, de proposer une formation à ce point hyper-spécialisée ? On t’y apprend à quoi ? À adopter alternativement un ton de greluche, puis de maman hypocondriaque, puis d’adolescente en fleur ? En plus, tu restreins largement tes perspectives d’emploi comme si ce n’était déjà pas assez difficile de trouver lorsqu’on se lance dans des études de journalisme.

J’imagine d’ici le TP ou le projet de fin d’année : “réaliser un blog et devenir influente, bonus du jury si vous atteignez les plus de 5 000 followers en 3 mois”. 

D’ailleurs, qu’en dit-on sur Twitter ?

Les extraits sont à lire à l’envers, c’est dans l’ordre antéchronologique.

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